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Fabien Mercadal est Conseiller Technique Départemental des Alpes depuis novembre 2024 / ©Presse Sports

Entraîneur amateur, puis coach de L2, de L1 et depuis un an... Conseiller Technique Départemental, le technicien nous parle de sa trajectoire à la fois singulière et enrichissante. 

De CTD des Alpes depuis un an au métier d'entraîneur professionnel que vous avez connu à Amiens, Caen et le Cercle Bruges notamment, le grand écart est important...

Oui et les différences fondamentales. Le travail administratif, par exemple, est plus conséquent dans ma fonction de conseiller de conseiller technique. Et ce n’est pas ce qui me passionne le plus. Et puis le temps passé sur le terrain est moindre, avec un rôle différent. 

 

Qu'est ce qui vous a motivé à faire ce choix de devenir CTD, à 51 ans ? 

J'ai souhaité rentrer chez moi pour des raisons personnelles, suite au décès de mon papa. Le président du District des Alpes, Patrick Bel Abbes, un ami, m'a demandé si je pouvais donner un coup de main. J’ai non seulement accepté mais je me suis lancé à fond. Cela me permettait de remettre les mains dans le cambouis et de relever un challenge différent et non moins enrichissant. 

 

Dans quelle mesure votre expérience en pro vous aide-t-elle dans la transmission des savoirs auprès des éducateurs amateurs ? 

J'essaie d'appliquer la même exigence dans mes formations. Mon expérience du monde professionnel m'aide dans la gestion d'un groupe et dans la communication. Je suis de retour dans ma région, les gens connaissent mon parcours et savent que j'ai obtenu l'ensemble des diplômes d'entraîneur de la FFF, donc ma parole a un peu plus de poids. 

Fabien Mercadal "abat un travail monstre" pour la Ligue des Alpes / ©Ligue Méditerranée

Avez-vous l'impression de mieux comprendre certaines problématiques ? 

Bien sûr ! Mon vécu m’amène à établir plus facilement des passerelles entre les problématiques que les deux mondes, pros et amateurs, rencontrent. A un niveau départemental ou régional, elles sont essentiellement de l'ordre des infrastructures - créneaux et qualité des terrains - et dans la nécessité d'improviser en permanence. Vous préparez une séance pour 15 joueurs et ils ne sont au final que 12 à l'entraînement… En pro, vous n’êtes jamais confronté à cela.

 

"Pas plus usant que le travail de mes potes plombiers, électriciens, maçons… Il faut relativiser : entraîneur est un métier magnifique"

 

Cette adrénaline du terrain et tout ce qui attrait à la préparation de la compétition ne vous manque pas trop ?

Si, beaucoup ! J'y ai pris tellement de plaisir... C'est pourquoi je vais voir le maximum de matchs les week-ends : National, Ligue 2, Ligue 1, j'ai besoin de ça ! J'ai aussi besoin de me projeter à la place des coachs pour vivre activement les matchs. 

 

D'un point de vue plus personnel, n’est-ce pas difficile de passer du statut envié d'entraîneur de Ligue 1 avec Caen, à celui de Conseille Technique Départemental ?

Il faut prendre sur soi car c'est parfois un peu frustrant. Je dirais qu'il faut un peu d'humilité et surtout l’envie d’aider les autres, de se rendre utile pour les aider à progresser. 

 

Une humilité dont vous avez toujours fait preuve comme entraîneur, en acceptant notamment que Rolland Courbis vous apporte son expérience alors que vous étiez à Caen… Qu'avez vous retenu de cet épisode ? 

Sur le plan interne, ce fut riche et intéressant de côtoyer un technicien aussi expérimenté. Sur l'aspect extérieur, ce rôle de conseiller n'a pas été bien perçu… Mais je garde le positif. Cela m'a confirmé que mon profil est celui d'entraîneur principal, car j'aime trop décider, souvent dans l'urgence. 

 

Vous aviez déclaré à l'époque ne pas être prêt pour la Ligue 1. Que vous manquait-il ? 

De la préparation. Je suis arrivé à Caen alors que le club était en plein changement avec le départ d'un président historique (Jean-François Fortin, ndlr) et du directeur sportif (Xavier Gravelaine, ndlr). Je manquais d'expérience pour savoir gérer cette instabilité. Cela m'a fait perdre du temps. Avec du recul, je pense que j'aurais dû partir sur un projet plus stable. Après, d’un point de vue strictement sportif, je n'ai pas remarqué d'immense différence entre la Ligue 1 et la Ligue 2 : les joueurs sont meilleurs, mais cela reste des rapports de force entre équipes plus ou moins de même niveau. Le gros changement est dans le traitement médiatique et, là aussi, je n'étais pas préparé... J'ai toujours eu une « com' » sans filtre mais, à ce niveau-là, l'image est trop importante pour pouvoir conserver son naturel...

 

"Lorsque je suis arrivé, certains pensaient que je n'en avais rien à faire, que j’étais là pour me planquer"

 

Vous avez commencé à entraîner très tôt, à 32 ans, à Gap, en CFA. C'est usant vingt ans de bancs de touches ?

Pas plus que le travail de mes potes plombiers, électriciens, maçons… Il faut relativiser : entraîneur est un métier magnifique. Et même s'il faut être armé psychologiquement, dès que tu l'as terminé, tu as envie d'y retourner. Je dis toujours qu'une saison est une vie et que tu repars de zéro à chaque fois. 
 

Qu'est ce qui a le plus changé dans le football amateur depuis que vous l'avez quitté ?

Sur mon territoire, le football de club a baissé. A la fin des années 2000, Gap était en CFA ou National, Manosque en CFA, alors qu'aujourd'hui c'est le meilleur club avec l'US Moyenne-Durance, en R2. Les politiques et chefs d'entreprises de l'époque se sont retirés et, sans argent, le foot est plus compliqué. 

Lors de la saison 2018-2019 Fabien Mercadal (avec Rolland Courbis) n'a pu éviter la relégation de Caen/ ©Presse Sports

De quoi avez-vous envie pour la suite ? 

Continuer à m'épanouir et prendre du plaisir. Je travaille à l'humain et suis capable de partir sur plein de choses… J'ai mené une réflexion avec Martigues (Ligue 2) en juin, mais je peux aussi mener une longue carrière de CTD. Lorsque je suis arrivé, certains pensaient que, venant des pros, je n'en avais rien à faire et que j’étais là pour me planquer. Mais ils ont constaté que c'est tout le contraire et que, franchement, j'abats un travail monstre depuis un an. 

 

En quoi pensez-vous que cette expérience peut vous aider dans votre carrière ? 

Je suis meilleur aujourd'hui qu'il y a deux ans. Lorsque l'on est entraîneur, on court contre le temps en permanence… Le travail ici m'a permis de prendre du recul et de faire un bilan sur plein de choses. J'avais l'impression d'avoir l'image du gars turbulent, mais lors de ma formation de CTD, à Clairefontaine, j'ai rencontré des arbitres professionnels et ils étaient contents de me retrouver. Cela prouve que c'est toujours compliqué de s'auto-évaluer. 

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