Tous les trois ans, les éducateurs doivent suivre une formation professionnelle continue pour exercer. Le CTN à la DTN, Emmanuel Vandenbulcke, décrypte les enjeux du dispositif.
Pouvez-vous nous rappeler ce que sont les "Formations Professionnelles Continues" et pourquoi elles sont obligatoires ?
Les FPC sont inscrites depuis longtemps dans le statut des éducateurs. Elles imposent à tous les entraîneurs diplômés - du BMF au BEPF - de suivre 16 heures de formation continue tous les trois ans. C’est une obligation issue des directives de l’UEFA. Ceci étant, notre volonté est qu'elles ne soient pas considérées comme une contrainte mais comme une véritable opportunité. L’objectif étant de développer une culture de formation permanente qui permette aux coachs d’enrichir leurs compétences, de répondre aux problématiques de terrain et de progresser dans leur métier.
Comment déterminez-vous le contenu de ces formations ?
Il y a toujours un socle commun pour faire passer les messages clés de la FFF : politique fédérale, développement des pratiques, parcours du joueur et de l’éducateur. À cela s’ajoute un catalogue de thématiques spécifiques renouvelé tous les quatre ans. Actuellement, on en retrouve sept : analyse vidéo, préformation et formation du joueur, communication de l'entraîneur, spécifique attaquant et défenseur, principes et animations de jeu, management et direction de club, optimisation de la performance mentale.
"Nous faisons appel à des entraîneurs de club pour construire des binômes complémentaires avec les cadres fédéraux"
Comment sont-elles organisées au niveau fédéral ?
Chaque entraîneur est responsable de son recyclage. S’il ne suit pas sa FPC dans les délais, il ne peut pas renouveler sa licence technique et donc continuer à entraîner à ce niveau. Le calendrier est étalé sur l’année, entre septembre et juin, avec des sessions supplémentaires sous le coude pour répondre à la demande. Cette année, nous en avons par exemple organisé deux de plus en région pour aider des éducateurs à valider leur recyclage à temps. On limite les groupes à 30 personnes maximum pour favoriser les échanges.

Vous faites d'ailleurs appel à des entraîneurs ou des spécialistes en fonction…
En région, les sessions sont pilotées par les CTR Formation, souvent accompagnés d’experts identifiés localement (préparateurs physiques ou mentaux, analystes vidéo...). Nous faisons également appel à des entraîneurs de club pour construire des binômes complémentaires avec les cadres fédéraux : cela évite tout formatage et favorise le partage d’expériences et l’intelligence collective. On n'est pas là pour apporter une parole d'évangile, mais pour construire ensemble.
"Même si certains arrivent un peu à reculons, ils repartent presque toujours conquis"
Comment sont validées ces formations ?
Nous réalisons un questionnaire de satisfaction à chaud ainsi que des quiz de connaissances, mais la validation repose sur la présence active à l’ensemble de la session. Il n’y a pas de sanction : l’enjeu est de favoriser une vraie réflexion post-formation. Nous travaillons en ce moment sur un outil pour mieux évaluer le transfert des acquis dans la pratique quotidienne des entraîneurs.
Les retours des éducateurs vont-ils déjà dans ce sens ?
Nos enquêtes affichent près de 90 % de satisfaction. Même si certains arrivent un peu à reculons, ils repartent presque toujours conquis. Le vrai défi pour nous est de réfléchir à l'après : comment la formation leur sert concrètement ? Comment se traduit-elle dans leurs pratiques ? C’est l’un des axes majeurs de notre réflexion actuelle.
Justement, avez-vous des idées pour continuer à perfectionner ce dispositif ?
Nous sommes en train de conduire une réforme profonde qui passe par une large consultation des entraîneurs, mais aussi de leurs employeurs pour être encore plus performants. Notre objectif est clair : affiner et optimiser les Formations Professionnelles Continues pour les rendre encore plus utiles sur le terrain.
En tant que cadre technique, qu’est-ce que vous retirez de ces sessions ?
C'est une véritable mine d'or pour nous, afin de co-construire nos contenus. On est là pour nourrir les éducateurs, mais cela nous permet d'avoir un autre regard sur les pratiques qui remontent du terrain. C'est cette intelligence collective qui fait la richesse des FPC et qui nous permet de faire émerger des idées nouvelles.
-> Toutes les informations sur les FPC sont à retrouver sur les pages dédiées des formations, dans le catalogue du site maformation.fff.fr

Nicolas Gillet (USJA aCarquefou, Régional 3) : "Remettre en perspective notre quotidien en club amateur"
Entraîneur de la Réserve de l'USJA Carquefou (R3) depuis six ans, le champion de France 2001 avec le FC Nantes, a suivi son recyclage le 10 juin. "C'est vrai qu'au départ, on y va un peu à reculons, mais au final, j'ai passé un moment très agréable", confie le titulaire du DES. Pour ses deux jours et demi passés à Clairefontaine, il a choisi "Préformation et formation", une thématique "que j'aime et qui me parle. Je maîtrise déjà des choses suite à mes expériences en jeunes et je voulais me confronter au très haut niveau car on a rarement l'occasion d'échanger avec des intervenants professionnels comme Emmanuel Vandenbulcke ou Christian Bassila (directeur de l'INF Clairefontaine). Cela permet de remettre en perspective notre quotidien en club amateur". L’ancien défenseur international, qui a longtemps dirigé les U17 de l'USJA, dresse donc un bilan très positif de sa formation. "J'ai entendu et j'ai vu des choses différentes et j'ai eu le sentiment agréable que la formation française était en mouvement, plus ouverte". De quoi donner des idées à l'ancien Lensois ? "Pourquoi pas ! C'est passionnant d'apprendre de nouvelles choses".

Concurrence, Barcola, méthodologie… L'ancien directeur de l'académie de l'OL et celui du MHSC partagent leurs expertises sur l’évolution des centres de formation en France.

Cette méthode autoréflexive est un outil pédagogique important dans l'apprentissage des coachs canadiens. La responsable de la formation de Soccer Québec le présente.

Olivier Giroud, défaut rédhibitoire, personnalité, Adil Rami ou évolution du rôle de recruteur… Au programme de la suite de cet échange avec les auteurs de "Dénicheurs de Talents"