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Montserrat Flores Maso, responsable de la formation de Soccer Québec présente le GRIP, cet outil d'auto-évaluation de la formation des coachs au Canada / ©Soccer Québec

Cette méthode autoréflexive est un outil pédagogique important dans l'apprentissage des coachs canadiens. La responsable de la formation de Soccer Québec le présente.

Comme nous avons pu le voir lors de la formation FIFA pour le développement des entraîneurs (voir ci-dessous), celle-ci ne se limite pas à la transmission de connaissances techniques ou tactiques : elle vise à former des individus capables de réfléchir, d’analyser leurs actions et de progresser de manière autonome. C’est dans cette optique que le cadre GRIP s’impose comme un outil pédagogique incontournable pour accompagner les entraîneur.e.s dans leur cheminement professionnel. Mais qu'est-ce que cet acronyme signifie ? Goals (Objectifs), Reflection (Réflexion), Input (Informations) et Plan (Plan d’action). En français, cela se traduit par : fixer des objectifs, réfléchir à la pratique, intégrer des informations et bâtir un plan concret pour progresser. Conçu spécifiquement pour les adultes, le GRIP s’appuie sur les principes fondamentaux de l’apprentissage et permet aux coachs de mieux comprendre leurs forces et leurs axes d’amélioration, et de mettre en œuvre des changements ciblés dans leur manière de coacher.

 

Un outil idéal pour former des adultes

L’application du GRIP dans la formation des éducateurs.trices repose sur une dynamique en trois temps : préparation, action et réflexion.

 

  • Avant la séance : l’entraîneur.e se fixe des objectifs précis en lien avec les compétences qu’il ou elle souhaite développer ou observer.
     
  • Pendant la séance : il ou elle agit en gardant en tête ces objectifs, en observant son propre comportement, ses choix pédagogiques et les réactions des joueurs.euses.
     
  • Après la séance : vient le moment de la réflexion lors d'une discussion avec les formateurs.trices sur ce qu'il vient de vivre, ses objectifs… On passe la séance à travers le GRIP dans une conversation ouverte où l'éducateur.trice évalue ce qui a bien fonctionné, identifie les éléments à améliorer et construit son plan d’action pour les prochaines séances. Le "P de plan" est essentiel car il permet de prendre des actions concrètes pour la prochaine séance afin de s'améliorer en permanence.
     

Cette approche permet non seulement de donner du sens à chaque expérience vécue sur le terrain, mais aussi de l’ancrer dans un processus d’amélioration continue. La recherche en éducation des adultes montre que l’autoréflexion est un levier puissant pour l’apprentissage. Ces derniers apprennent mieux lorsqu’ils peuvent faire des liens entre leurs expériences, leurs objectifs et les connaissances qu’ils acquièrent. Le GRIP favorise donc cette démarche en offrant un cadre structuré qui permet à chacun de prendre du recul sur sa pratique, de s’évaluer honnêtement et de se projeter vers des solutions concrètes.

Le GRIP s’appuie sur les principes fondamentaux de l’apprentissage et permet aux entraîneur.e.s de mieux comprendre leurs forces et leurs axes d’amélioration, et de mettre en œuvre des changements ciblés dans leur manière de coacher / ©Soccer Québec

Une culture de l’amélioration continue

Lors des formations des entraîneur.e.s, qui durent entre six et huit mois, on utilise le GRIP pour guider les discussions post-séance, susciter une réflexion approfondie et encourager l’échange entre pairs. Cela crée une culture de questionnement constructif et d’accompagnement mutuel. Les formateurs et formatrices jouent donc un rôle crucial dans la mise en œuvre du GRIP et accompagnent les stagiaires dans son appropriation. Ils les aident à formuler des objectifs réalistes, à analyser les situations vécues sur le terrain et à transformer cette analyse en plan d’action concret. Ils encouragent également la mise en application des apprentissages en contexte réel : tester de nouvelles approches, ajuster son style d’encadrement, expérimenter des techniques différentes selon les groupes d’âge ou les niveaux. Le but est de maintenir une dynamique de développement personnel et professionnel constante.

 

Chez le formateur.trice l’utilisation du cadre GRIP permet d’accompagner le stagiaire à identifier et réduire un écart de performance en utilisant trois questions clés :

1) Quels sont tes objectifs ? 

2) Quels progrès as-tu accomplis ? 

3) Que dois-tu faire pour poursuivre ta progression ? 

 

Que faire lorsque le stagiaire n'a pas la bonne démarche ? 

L'art du GRIP est aussi de sortir le formateur de sa zone de confort : on est amené à apporter des observations qui peuvent évoluer entre la fin de la séance et le début de la discussion et les portes qu'ouvre l'éducateur.trice en face de soi. Le formateur.trice doit donc savoir naviguer dans cet échange pour apporter des informations. Lorsque le stagiaire n'est pas dans une démarche de remise en question, cela peut aussi être frustrant d'appliquer le GRIP. Alors, que faire dans ce genre de cas ? Si l'adulte n'arrive pas à mettre son égo de côté, il faut tenter de le responsabiliser sur son propre apprentissage, car il n'y a que lui qui peut effectuer ce travail de remise en question et être honnête envers lui-même. Cette honnêteté dans l'évaluation de son niveau permet de fixer des objectifs pertinents pour progresser régulièrement.

À travers l’usage du GRIP, chaque séance d’entraînement devient donc une occasion d’apprendre, de se remettre en question et d’évoluer. Cela renforce non seulement les compétences des entraîneur.e.s, mais aussi leur confiance en eux et leur capacité à s’adapter aux défis du terrain.

 

Le GRIP s'arrime avec le cycle d’apprentissage par l’expérience, adapté pour les adultes

Document tiré de la formation en ligne de la FIFA pour les formateurs.trices

Voici un document tiré de la formation en ligne de la FIFA pour les formateurs.trices. Chaque étape y est importante pour intégrer une amélioration continue : 
 

  1. Expérience concrète (faire/acquérir une expérience) : dans la mesure où le processus repose sur des expériences concrètes, la théorie veut que le formateur d’entraîneurs permette aux participants de se consacrer à une nouvelle activité ou tâche.

     

  2. Observation réflexive (évaluer l’expérience) : une fois la tâche terminée, les stagiaires passent en revue ce qu’ils ont observé et ils y réfléchissent. 

     

  3. Expérimentation active (planifier/essayer ce que l’on a appris) : en partant du principe que les participants ont tiré des enseignements de cette expérience, ils doivent être capables de conceptualiser une méthode pour mettre en pratique ce qu’ils ont observé, compris et ressenti. 

     

  4. Conceptualisation abstraite (apprendre de l’expérience) : ils doivent être en mesure de préparer un plan et de le mettre en œuvre en se basant sur les convictions, concepts et idées qu’ils ont intégrées. 
Pour la quatrième fois, mais la première en langue française, le Parcours de développement des entraîneurs de la FIFA s'est tenu au Canada auprès de 80 formateurs d'entraîneurs, dont 20 formatrices / ©Soccer Québec

Une formation de la FIFA pour 80 formateurs et formatrices canadien.ne.s

"Nous avons eu le privilège de vivre une semaine exceptionnelle, riche en occasions d’apprentissage, dans un environnement professionnel et de haute performance", témoigne Montserrat Flores Maso, la responsable de la formation des entraîneurs à Soccer Québec. Pour la quatrième fois, mais la première en langue française, le Parcours de développement des entraîneurs de la FIFA s'est tenu au Canada auprès de 80 formateurs d'entraîneurs, dont 20 formatrices. "Cette initiative représente une étape importante dans notre engagement collectif à rehausser les normes de formation des entraîneurs pour les années à venir. Ensemble, nous façonnons l’avenir du développement du soccer et de la formation des entraîneurs", poursuit la formatrice. Pour Branimir Ujevic, responsable du développement des entraîneurs à la FIFA, "l'objectif est de permettre à chaque association membre de former ses formateurs d'entraîneurs locaux". De son côté, John Limniatis, ancien joueur de l’équipe nationale, a souligné l’importance de l’inspiration dans l’entraînement : "Un environnement favorisant l’échange constant de connaissances, d’informations, de suggestions, d’opinions et d’expériences est essentiel. La collaboration et la réflexion sont essentielles pour maximiser le développement de toutes les personnes impliquées."

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