Le président de la Ligue des Pays de la Loire et gérant de l’IEFF présente les orientations de l’Institut pour préparer les acteurs du football à relever les défis de demain.
Vous avez pris la direction de l’Institut Emploi Formation du Football (IEFF) en janvier 2025. Quelle est votre vision pour l’Institut ?
Ma priorité, c’est de renforcer le lien entre emploi et formation. Mon prédécesseur, Daniel Fonteniaud, a accompli un travail remarquable dans ce domaine et je souhaite poursuivre cette dynamique afin de faciliter encore davantage l’accès à l’emploi et de soutenir les clubs dans la structuration de leurs postes.
Concrètement, comment comptez-vous y parvenir ?
Nous agissons selon deux axes principaux. Le premier concerne l’aide au financement des emplois. Le Fonds d’aide au football amateur (FAFA), mis en place par la Fédération, permet de financer environ 120 postes, à raison de 8 000 euros par an pendant trois ans. L’Agence nationale du sport (ANS) intervient également, avec une aide de 12 000 euros sur trois ans pour un poste à temps complet, et certaines régions, comme le Centre-Val de Loire, apportent elles aussi leur soutien à la création d’emplois. Ce sujet est d’ailleurs abordé au sein de la Conférence nationale du sport, et nous anticipons une possible réévaluation des montants ou de la durée de ces aides. Le second axe porte sur l’accompagnement des clubs dans la mise en œuvre et la pérennisation de leurs emplois. Nous travaillons avec des référents emploi dans chaque ligue, proposons des formations pour les dirigeants via le programme "Tout terrain", et animons une communauté d’employeurs. Plus les clubs sont accompagnés, plus ils ont de chances de stabiliser leurs postes et de s’inscrire dans la durée.
"L’an dernier, 32 500 attestations fédérales, certificats fédéraux Initiateurs et diplômes fédéraux ont été suivis. Pour la formation professionnelle, nous avons compté 1700 stagiaires"

La formation des entraîneurs évolue constamment. Comment l’IEFF s’adapte-t-il à ces changements ?
La Direction technique nationale (DTN) pilote les contenus pédagogiques, tandis que l’IEFF assure la mise en œuvre et la gestion administrative des formations. Nous entretenons une synergie très forte avec elle, ce qui nous permet d’être réactifs et de nous adapter rapidement. Ces derniers mois, nous avons développé de nombreux outils numériques permettant de se former à distance avec pour objectif que chacun puisse se former à son rythme, même sans présence physique. C’est une avancée majeure, que nous souhaitons approfondir.
Former les formateurs est aussi un enjeu essentiel. Comment y travaillez-vous ?
Nous organisons régulièrement des sessions de formation pour les formateurs, centrées sur les techniques pédagogiques et l’usage des nouveaux outils. Il est important de renouveler le vivier pour diversifier les profils et répondre à la variété des besoins. Certaines actions sont directement menées par les Instituts Régionaux de formation du football (IR2F) dans les ligues, ce qui garantit une réelle proximité et une adaptation au terrain, notamment pour la formation destinée aux bénévoles.
Deux ans après la réforme des parcours bénévoles et professionnels, quel bilan tirez-vous ?
Nous commençons à en mesurer les effets. L’an dernier, ce sont 32 500 attestations fédérales (AF), certificats fédéraux Initiateurs (CFI) et diplômes fédéraux (DF) qui ont été suivis, soit environ 25 000 éducateurs qui se sont inscrits à un module (certains en ont suivi plusieurs). Pour la formation professionnelle (du BMF au BEPF), nous avons compté 1 700 stagiaires. Ces chiffres témoignent d’une véritable dynamique : dans le football français, on se forme !
"La demande des clubs comme des parents pour des encadrants compétents ne cesse de croître car la fidélisation des jeunes passe avant tout par la qualité de l’encadrement"
Comment expliquez-vous cet attrait des clubs pour la formation ?
La demande des clubs comme des parents pour des encadrants compétents ne cesse de croître car la fidélisation des jeunes passe avant tout par la qualité de l’encadrement. Lorsqu’une école de foot est bien structurée, avec des éducateurs formés, les jeunes prennent du plaisir et le projet club est plus solide, même sans ambition de haut niveau. La formation est donc un investissement stratégique pour assurer la pérennité du club.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaiterait se lancer dans un parcours de formation ?
Je lui conseillerais de commencer par le parcours bénévole – AF ou CFI – pour encadrer les séances du mercredi ou du samedi et tester sa motivation. Ensuite, il pourra se construire un parcours vers les diplômes professionnels. C’est une manière de se confronter à la réalité du terrain avant de s’engager pleinement, de se créer une expérience concrète pour ceux qui souhaitent accéder au BMF ou au BEF.
De quelle manière intégrez-vous les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, dans vos programmes ?
Nous ne sommes pas encore dans l’IA à proprement parler, mais nous sommes déjà pleinement engagés dans le digital. Par exemple, la formation initiale d’Arbitre (FIA) a été entièrement rénovée et enrichie d’outils numériques. Les stagiaires peuvent désormais revoir des séquences depuis chez eux et progresser à leur rythme. À terme, l’intelligence artificielle sera sans doute intégrée pour l’analyse vidéo ou le suivi individualisé, mais nous disposons déjà d’outils solides qui modernisent nos formations.
"Nous voulons des éducateurs compétents, mais aussi attentifs et responsables vis-à-vis des jeunes dont ils ont la charge"

Quelles sont, selon vous, les principales évolutions à venir ?
Nous travaillons sur plusieurs axes d’avenir : la vidéo, les outils d’analyse de la performance et le management. De plus en plus de clubs, dès 500 licenciés, ont besoin de managers pour coordonner les projets et encadrer les équipes. Ces postes de responsables administratifs ou d’écoles de football sont essentiels pour soulager les bénévoles et professionnaliser la gestion des clubs.
Les dimensions humaines sont désormais intégrées à la formation. Pourquoi cet accent particulier ?
Parce que c’est indispensable. Les thèmes de la prévention des violences sexuelles et sexistes, de l’inclusion ou encore de la gestion humaine occupent une place centrale. Nous voulons des éducateurs compétents, mais aussi attentifs et responsables vis-à-vis des jeunes dont ils ont la charge.
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