Entre bilan, formations et échanges… Philippe Montanier, Laurent Courtois et Hylale Atigui livrent leurs conseils pour tirer profit d’une période sans club. Enrichissant.
"Au début, il y a presque du soulagement car la situation était difficile. Puis on se dit que c’est injuste, on culpabilise, on se repasse les matchs en boucle. On a du mal à couper le cordon." Depuis le Canada, Laurent Courtois parle toujours avec passion de son expérience d'entraîneur de MLS avec le CF Montréal de janvier 2024 à mars 2025. Sans club depuis quelques mois, le Français de 46 ans vient de connaître le premier coup d'arrêt de sa carrière de "head coach". "On passe d'un rythme 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 11 mois sur 12 avec un groupe de 40 personnes à rien, du jour au lendemain. C'est brutal", décrit l'expérimenté Philippe Montanier (60 ans), qui, malgré plusieurs propositions, n'a plus entraîné depuis sa victoire en Coupe de France avec le Toulouse FC en 2023. Deux années sans coacher, c'est aussi ce qu'a connu Hylale Atigui, 47 ans, entraîneur des U16 de Lannion FC, en Régional 2. "Je n’ai jamais été salarié et coache bénévolement depuis trente ans. Ce n’est pas toujours simple de trouver un club, surtout dans le monde amateur." Tous trois le disent clairement : l’éloignement de l’agitation du vestiaire peut être douloureux… mais aussi salutaire, à condition que cette période soit transformée en phase active, structurante, et régénérante.
Digérer, se recentrer, faire le bilan
La première phase de ce processus est souvent mentale. Après l’intensité du terrain, il faut réapprendre à vivre sans le foot au quotidien. "J’étais dans le déni les premières semaines. Je regardais les matchs de mon ancienne équipe avec une forme de jalousie et sans arriver à faire le deuil", reconnaît Laurent Courtois, entraîneur des jeunes puis de la réserve de Colombus de 2019 à 2023. J’ai pris un peu de poids, j’ai dû me remettre au sport. Ce retour au corps m’a aidé à mieux encaisser le choc. En vingt ans de carrière professionnelle, Philippe Montanier a connu peu de coups d'arrêts : "Six mois à chaque fois : entre le Stade Rennais et Nottingham Forest, entre Nottingham Forest et la Fédération Française de Football et enfin entre le Standard de Liège et le Toulouse FC". A chaque fois, l'ancien entraîneur de la Real Sociedad profite de ces périodes pour "se reconnecter à sa vie personnelle", souvent mise entre parenthèses. "Quand on est en poste, on est déraciné. Là, j’ai pu voir mes amis, ma famille. Reprendre une vie normale, faire ce qu'on aime, mais qu'on a peu de temps de faire, comme du sport pour soi…"
Vient ensuite le temps du bilan, un retour sur soi à la fois technique, stratégique et humain : "J’ai analysé mes deux dernières saisons au Téfécé, relu mes notes, revu mes choix tactiques, mon management et profité du temps que j'avais pour réactualiser ou retoucher mon projet de jeu", détaille le Normand, conscient que "le football évolue vite. Il faut se remettre à jour, s’interroger. Un constat partagé par son homologue nord-américain. "J’ai dû revisiter tout mon parcours, mes influences, mes erreurs. Ça m’a reconnecté à ce qui a fait de moi un coach : le bon… et le moins bon", confie celui qui vient de déposer une VAE pour le BEPF.
Se former, échanger, réseauter
Cette phase d’inactivité est aussi un terrain fertile pour apprendre. Lecture, observation, échanges, outils numériques : tout est bon à prendre. "Je lis énormément. Je regarde beaucoup de matchs, mais avec un autre œil. C’est presque thérapeutique", confie l'ancien joueur des LA Galaxy. "Je me suis abonné à plusieurs plateformes tactiques et je m’inspire beaucoup des entraîneurs américains." Du côté du monde amateur, Hylale Atigui est un exemple de proactivité discrète mais constante. L'ancien éducateur au FC Dammarie-les-Lys, installé depuis cinq ans en Bretagne, ne cesse de se former : "Analyse vidéo, langues, outils numériques… Avec ou sans banc, je participe à des recyclages, des actions à l'amicale des éducateurs ou des formations comme celles de l'UNECATEF pour progresser et renforcer mon profil." De l'autre côté du miroir de la formation Philippe Montanier, impliqué dans le Comité Directeur du Syndicat, insiste sur l’importance de la transmission : "Je réponds favorablement à des médias, participe à des MasterClass, je réponds avec plaisir aux sollicitations de la Fédération afin de partager mon expérience dans les diverses formations proposées par la Direction Technique Nationale. Travailler pour les autres, c’est aussi apprendre pour soi."

Rester connecté au terrain est fondamental. Tous insistent sur l’importance d’observer d’autres entraîneurs, d’échanger, pour sortir de son isolement. "Je vais voir des collègues, je me rends dans des clubs, je rencontre des staffs. C’est ce qui m’aide à ne pas me refermer sur moi-même", affirme l'éducateur breton. Un point de vue auquel Laurent Courtois abonde : "Des coachs américains m’ont proposé de venir les voir. Je vais aller m’immerger dans leurs staffs, puis venir faire un tour en Europe. C’est dans la confrontation à d’autres méthodes que je vais pouvoir me préparer au mieux pour la suite."
Prendre le temps de bien rebondir
Et à un retour sur un banc de touche qu'il attend patiemment. Mais pas à n’importe quel prix. "J’aurais pu rebondir vite, mais j'en ai parlé avec Rémi Garde et il m'a dit qu'il n'y avait pas de vérité entre repartir de suite ou prendre du recul. Aujourd'hui, je pense que faire une pause était la meilleure chose à faire", assure l'ancien Montréalais. Un constat partagé par Montanier, pour qui l'expérience a prouvé que "le projet compte autant que le poste. Avec mon parcours, je ne cherche pas n’importe quoi. Je veux être stimulé. Je sais exactement ce que je ne veux plus". Alors s'il ne devait donner qu'un conseil à un autre entraîneur pour optimiser cette pause, quel serait-il ? "Le plus dur, c'est de ne pas trop gamberger, de garder confiance et de voir cette période comme une chance de continuer à vous former et à observer car le métier d’entraîneur est en perpétuel mouvement. Dans ces phases de pause, on ne doit pas attendre. On doit avancer autrement."

Quel rôle peut jouer l’UNECATEF pour accompagner les entraîneurs sans poste ?
"Transformez une période d’inactivité en tremplin." Quand on est entraîneur, une fin de contrat ou une période sans club peut rapidement engendrer du doute, de la solitude, et un flou professionnel. L’UNECATEF, Syndicat des entraîneurs et cadres techniques du football professionnel, propose à ses adhérents un accompagnement complet, structuré et personnalisé, y compris dans les moments d’inactivité. Voici comment.
1. Une assistance juridique personnalisée
En cas de rupture de contrat ou de litige avec un club, vous bénéficiez de conseils rapides et confidentiels de nos juristes spécialisés. L’objectif : vous aider à faire valoir vos droits et à prendre les bonnes décisions.
2. Des conseils à l’expatriation
Vous envisagez de travailler à l’étranger ? Nous vous accompagnons dans la compréhension des régimes fiscaux, sociaux, et contractuels. Vous bénéficiez aussi de l’expérience d’entraîneurs ayant déjà évolué à l’international.
3. Un entretien bilan retraite
Dès 50 ans, vous pouvez rencontrer un conseiller expert pour faire le point sur vos droits, anticiper l’après-carrière et optimiser votre situation à long terme.
4. Une plateforme vidéo professionnelle
Restez au contact du jeu : notre plateforme permet d’accéder à des matchs, d’enrichir vos analyses et de préparer vos futurs entretiens. Un outil clé pour rester affûté, même sans club.
5. MasterClass & Formations pour progresser en continu
Participez à des MasterClasses d’anglais du football et soyez vigilants pour suivre les futures formations en analyse vidéo, outils numériques, data, santé mentale et bien-être... Objectif ? Affinez votre profil et élargir vos compétences.
À venir : suivi renforcé avec France Travail
En discussion avec France Travail, les entraîneurs en recherche d’emploi pourraient bénéficier d’un accompagnement personnalisé avec des conseillers référents spécialisés dans les parcours sportifs. En lien direct avec l’UNECATEF, ces interlocuteurs connaitraient la spécificité de votre métier et vous aideraient à structurer vos démarches, optimiser votre visibilité et construire un nouveau projet professionnel, en France ou à l’étranger.
"Avec l’UNECATEF, vous ne restez jamais seul. En poste ou entre deux contrats, vous avancez avec un Syndicat qui vous connaît, vous comprend et vous accompagne activement."
Pour plus d'informations rendez-vous sur le SITE DE l'UNECATEF.

Tous les trois ans, les éducateurs doivent suivre une formation professionnelle continue pour exercer. Le CTN à la DTN, Emmanuel Vandenbulcke, décrypte les enjeux du dispositif.

Concurrence, Barcola, méthodologie… L'ancien directeur de l'académie de l'OL et celui du MHSC partagent leurs expertises sur l’évolution des centres de formation en France.

Cette méthode autoréflexive est un outil pédagogique important dans l'apprentissage des coachs canadiens. La responsable de la formation de Soccer Québec le présente.