Dans un système ultra-concurrentiel avec un budget d’environ 12M€, le SC Bastia et son directeur technique ont fait le pari de la post-formation.
Pourquoi le Sporting Club de Bastia a-t-il fait de la post-formation une de ses priorités depuis votre arrivée ?
La politique sportive des clubs est dictée par les moyens dont ils disposent. Lorsque vous n’avez pas une enveloppe illimitée comme le PSG, le parti pris de la post formation peut s’avérer une alternative très fructueuse. D’autant plus que les joueurs concernés font souvent preuve d’une fraicheur et d’une énergie contagieuses.
De quels joueurs parlez-vous exactement ?
Ceux-là qui, pour une raison ou une autre, ont besoin de quelques mois ou années supplémentaires pour atteindre leur plénitude. Il y en a dans tous les clubs ! Or, l’expérience montre que lorsque la qualité est là, on gagne le plus souvent à accorder du temps au temps et à respecter le rythme et le processus de maturation de chacun.
« L’expérience montre que lorsque la qualité est là, on gagne à prendre son temps et à respecter le rythme et le processus de maturation de chacun »
Quels sont les profils que vous ciblez ?
Ce peut être les stagiaires qui n’ont pas été retenus dans l’effectif d’une grosse cylindrée mais qui peuvent parfaitement trouver leur place dans celui d’une écurie plus modeste. Il y a aussi les jeunes souvent très talentueux en provenance des académies africaines, mais qui devront s’adapter à leur nouveau pays ainsi qu’aux exigences du haut niveau. Et puis l’on ne s’interdit pas non plus d’aller voir dans les niveaux amateurs en espérant dénicher la perle rare...
Vraiment ?
Bien-sûr ! Il y a de très bons joueurs en amateur. Avec un encadrement adéquat, certains peuvent progresser énormément. Le tout est de ne pas être trop pressé et de bien intégrer le fait qu’il auront besoin d’un peu de temps pour exprimer tout leur potentiel.
Dans les faits, quelle forme prend le travail en post-formation ?
La plupart du temps, elle s’appréhende au travers d’exercices supplémentaires en fin de séance. Y compris avec un seul joueur que l’on va entrainer sur des aspects spécifiques pour le faire avancer plus vite. Dans tous les cas, il est important d’individualiser la démarche et de ne pas travailler avec trop de garçons à la fois. Vous ne pouvez pas présenter 11 joueurs en post-formation en Ligue 2 et attendre qu’ils réalisent des exploits ! Il faut certes les emmener avec soi, leur accorder du temps de jeu, mais aussi savoir les protéger.
« La vraie difficulté ne tient pas aux techniciens mais plutôt aux dirigeants qui doivent être les garants d’une telle politique »
Comment ?
En disposant de moyens humains permettant l’encadrement et la montée en compétences graduelle de ces jeunes. Le point crucial étant de croire en ses joueurs et dans la politique technique que l’on entend mener.
Faut-il s’attendre à voir des « experts post-formation » intégrer à l’avenir les staffs pros, à l’image des entraineurs spécifiques gardiens, attaquants ou défenseurs ?
A la différence près des postes que vous venez de citer, il n’y a pas besoin selon moi de se « sur-spécialiser ». Je pense même que tous les entraineurs dignes de ce nom peuvent faire de la post-formation. Et puis je ne crois pas que ce serait forcément une bonne idée de réduire le secteur d’intervention d’un coach à ce seul secteur. Non, pour moi la véritable difficulté ne tient pas aux techniciens mais plutôt aux dirigeants qui doivent être les garants de cette politique dans la durée en acceptant l’inévitable part des déceptions et des échecs.
En provenance de N2 et N3, ils ont signé 4 ans pro
Noa Donat (20 ans) et Yahya Bathily (21 ans) ont signé un premier contrat pro d’une durée de 4 ans cet été à Bastia. Le premier évoluait en National 2 la saison passée avec l’équipe réserve du FC Lorient, tandis que le second jouaient en N3 avec l’US Feurs, près de Saint-Etienne. Deux recrues qui illustrent bien la nouvelle politique voulue par le directeur technique du Sporting.
L’exemple du Real de Madrid
Le Sporting Club de Bastia n’est pas seul à miser véritablement sur la post-formation. D’autres écuries s’y sont mises et pas seulement des pensionnaires de Ligue 2 ou de National, comme le souligne Frédéric Antonetti : « Les clubs les plus fortunés n’ont généralement pas besoin de faire de la post-formation puisqu’ils ont les moyens d’acheter des joueurs déjà établis. Mais je remarque que ce n’est pas le cas du Real Madrid. Simplement, à la différence d’un club comme le nôtre, les Espagnols travaillent en post-formation avec les meilleurs jeunes du monde ! Lorsqu’ils vont chercher Vinicius, Valverde ou Rodygo à 18 ans au Brésil ou en Uruguay, ils le font en sachant pertinemment que ceux-ci ne vont pas postuler immédiatement pour l’équipe Première. Mais ils les laissent maturer au contact de joueurs plus confirmés. Avec le résultat que l’on connaît. »
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