Entre cohérence et flexibilité, David Cerasuolo, le responsable du développement et de la performance de Québec Soccer, décrit l'identité de jeu de la province canadienne.
Peut-on parler aujourd’hui d’une identité de jeu au Québec ?
Oui et celle-ci a d’ailleurs été formalisée auprès de nos six sélections U15, U16 et U17, féminines et masculines. Au sein du département développement, nous avons beaucoup travaillé pour coller aux directives de l’Association Canadienne de Soccer, tout en apportant des nuances en lien avec les entraîneurs chez nous qui sont porteurs du projet.

Quelles sont les autres spécificités des équipes québécoises ?
Sur le plan offensif par exemple, notre singularité tient dans l’intensité et la recherche permanente de contrôle et de supériorité sur le terrain. Quel que soit le système, nos joueurs doivent refuser une possession stérile. Lorsque les conditions sont favorables - bloc adverse étiré, espaces créés - le jeu entre les lignes et la verticalité doivent primer. Nous insistons aussi sur les courses : si le porteur n’est pas cadré, il doit y avoir au moins deux appels en profondeur pour impacter l’adversaire. Enfin, nous travaillons sur la couverture préventive à "plus un", même si nous concevons aussi l’égalité numérique, comme certaines équipes modernes.
"Défendre verticalement sur 3 des 5 couloirs du côté où se se situe le ballon et horizontalement sur 25m "
Sur quels principes repose principalement votre modèle de jeu ?
On parle des "quatre moments" universels d'un match, sans exclure les coups de pied arrêtés : organisation offensive, défensive, transition offensive et défensive. Ce qui est essentiel, c’est la connexion entre ces phases. Si certains joueurs ne basculent pas au bon moment, l’équipe se trouve immédiatement en danger. Nous avons défini des principes tactiques clairs pour chaque phase, sept en organisation offensive, cinq en transition défensive, etc. Ils ne sont pas figés, mais restent non négociables.

Vous pouvez nous donner quelques exemples ?
En attaque, je l’ai dit, priorité à la verticalité et aux supériorités, avec des courses coordonnées. En défense, anticipation de la perte de balle, pression immédiate pour couper les lignes de passe et récupération rapide si possible. Sinon, réorganisation du bloc défensif, souvent en orientant le jeu vers l’extérieur pour y enfermer l'adversaire et ne pas laisser d'espaces à l'intérieur, grâce à de la densité. Une de nos règles de base est de défendre sur 3 des 5 couloirs verticaux du côté où se se situe le ballon et horizontalement sur 25m. En transition offensive, il faut anticiper pour gagner un temps d’avance et aller de l’avant. L'objectif étant d'apporter de la confiance aux joueurs en les encourageant à réaliser une action positive.
Comment sont abordés ces principes avec les joueurs ?
Un cycle de travail compte 10 à 12 séances, ce qui est peu. Chaque entraînement doit donc aborder au moins deux moments de jeu, par exemple organisation offensive et transition défensive, forcément reliées. Avec des groupes plus expérimentés, nous allons jusqu’à trois moments sur la séance, avec à chaque fois deux ou trois principes clés. Tout est planifié à l’avance pour maintenir un certain équilibre dans l’apprentissage, même si nous savons aussi nous adapter aux besoins et niveau du groupe à l’instant T.
"Demain, nos principes de jeu resteront pertinents, mais leur exécution devra être plus rapide et plus précise pour s’adapter à l’évolution du football"
Concrètement, quelle évolution attendez-vous entre les catégories U13 et U17 ?
La formalisation de notre identité de jeu débute en U15. Avant cela, nous attendons que les joueurs aient acquis les fondations du jeu à 11, basées sur un programme conçu par Soccer Québec dès les U9. La documentation est partagée au sein de notre écosystème afin que les clubs et les régions puissent l'utiliser et la mettre en œuvre. Puis, à partir des U15, donc, on entre dans le développement tactique avec un haut niveau d’exigence pour donner aux 80 jeunes sélectionnées sur tout le Québec les bons outils. En U17, c’est la phase de perfectionnement, avant le passage aux Seniors, avec l’objectif de savoir répondre à toutes les problématiques du jeu.

Une des valeurs que vous prônez est la "conscience de soi". Que recouvre-t-elle ?
Elle est centrale. Les joueurs doivent être honnêtes avec eux-mêmes : "Aujourd'hui à l'entraînement, ai-je tout donné ? Ai-je été ponctuel, engagé ? Etc". Ils doivent être conscients de tous les aspects de la performance et comprendre que représenter une province de 8,5 millions d’habitants implique un autre rôle que celui dévolu en club.
Dans vingt ans, à quoi pourrait ressembler l’identité du soccer québecois ?
Le football va continuer à évoluer dans la vitesse, l’intensité et les exigences techniques. Nos principes resteront pertinents, mais leur exécution devra être plus rapide et plus précise. Je suis convaincu qu’il restera toujours une place pour la différence. Quand le Barça dominait entre 2008 et 2012, d’autres modèles réussissaient aussi. L’adaptabilité est essentielle : l’identité de jeu doit rester au service des joueurs et joueuses.


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