Un joueur conteste votre autorité devant le groupe ? On se calme et on garde la maîtrise du rythme de la résolution du conflit. Pour plus d’efficacité et gagner en crédibilité.
Ce qu’il faut dire en préambule est que ce type de situation, forcément très désagréable, arrive à tous les entraîneurs du monde au moins une fois dans leur vie. Personnellement, je ne connais pas un seul coach à qui ce genre de désagrément n’est pas arrivé durant des carrières qui peuvent s’étirer sur trente, quarante, voire cinquante années. Ceci pour signifier que ces incidents ne sont pas l’illustration ou le témoignage d’un manque de maîtrise ou d’expertise. Dans l’immense majorité des cas, il va s’agir d’un dérapage très momentané dû à la frustration, à la colère ou à un sentiment d’injustice. Autant d’émotions qui vont jouer un rôle d’accélérateur et d’amplification du malaise personnel d’un individu Cependant la question demeure : quelle attitude adopter face à un comportement inadapté et irrespectueux ?
Ne surtout pas réagir à chaud. Le coach, et le coach seul doit décider du rythme de la résolution du conflit
J’ai connu des entraîneurs avec une très solide expérience qui étaient des adeptes de la méthode des trois singes de la sagesse. À savoir, je n’entends rien, je ne vois rien et je ne réponds rien. Cela peut sembler une fuite mais en fait, il s’agit d’une vraie stratégie d’évitement susceptible de tuer dans l’œuf bien des conflits qui, sans ce parti -pris, risquent de « cristalliser » et de représenter une source de problèmes beaucoup plus importante dans le temps. Le coach qui n’a pas entendu ne perd pas la face tandis que celui qui relève va devoir régler une situation qui peut potentiellement lui échapper. Cependant, dans certains cas, le manque de respect s’exprime de façon trop évidente pour l’ignorer et le coach va donc devoir intervenir. Le bon conseil selon moi est de ne surtout pas réagir à chaud. C’est-à-dire que le coach et le coach seul doit dicter le rythme de la résolution de l’évènement en imposant un temps pour laisser redescendre l’adrénaline et lisser les émotions. Surtout si le manque de respect s’est manifesté de façon ostentatoire devant le groupe. Dans ces moments là l faut donc le coach intervienne mais de manière à ne pas entrer dans une escalade incontrôlable
Le rôle des adjoints et de l’institution
Et pour cela, le plus sûr moyen consiste sûrement à différer la réponse à apporter en renvoyant le joueur dans les vestiaires avec la promesse calme et maîtrisée d’un règlement ultérieur. Par ailleurs, dans cette situation, les adjoints ont souvent un rôle à jouer en intervenant pour éviter que l’entraîneur principal se retrouve en première ligne sur l’instant. Ici, c’est l’ensemble du staff qui doit s’opposer pour marquer son désaccord quant à l’attitude du joueur. Même s’il est bien évident que le coach devra mettre le joueur fautif face à ses responsabilités une fois que les risques d’escalade immédiates seront passées. D’une manière plus générale encore, l’entraîneur doit comprendre que l’Institution prime et qu’il s’agit de ne pas se laisser emporter par son orgueil. Surtout par rapport à l’égo de l’entraîneur qui peut se sentir blessé, insulté même, mais qui doit considérer que sa situation personnelle importe peu par rapport à l’intérêt de l’équipe, du groupe et forcément du club. Ce n’est pas toujours facile surtout pour des coachs qui sont par définition des leaders dans l’âme et qui ont la plupart du temps de forts caractères ! Par ailleurs, si le manque de respect est grave et flagrant, l’institution doit prendre le relais et intervenir de façon à se tenir aux côtés du coach. Le message étant : « Quel que soit le statut du joueur, élément cadre ou pas, jeune ou ancien, le club soutient les décisions du technicien » En l’absence de ce parti pris clair et absolument pas négociable, l’entraîneur risque fort d’être fragilisé et de perdre son autorité dans la durée.
Les répercussions de la décision sont souvent plus importantes que l’incident lui-même
Un jour un joueur que j’avais eu en sélection nationale des jeunes et qui jouait régulièrement en Ligue 1 m’a appelé dans la panique. Son coach l’avait sorti et, mécontent, le jeune avait alors refusé de taper dans la main tendue de son entraineur au moment du remplacement. Devant 30 000 spectateurs et les caméras de télévision qui retransmettaient le match en direct ! Il avait pris conscience, mais trop tard qu’il s’agissait d’un manque de respect caractérisé mais ne savait pas trop comment faire pour réparer ce moment d’égarement. Je lui ai conseillé d’envoyer un message à son coach le soir même pour savoir s’il acceptait ses excuses. Ce qui a été le cas. Dès lors, la seconde étape consistait à reconnaitre ses torts devant le groupe, voire le cas échéant devant les médias puisque l’offense avait été publique. C’est ce qu’il a fait et la vie a continué son cours. En procédant de la sorte, le joueur a admis avoir fait une erreur sur l’instant mais aussi prouvé qu’il avait une véritable consistance humaine en reconnaissant ses erreurs. Finalement, cette histoire a généré plus de bien que de mal. Comme quoi la survenue d’un évènement est indissociable de la manière dont on le traite. Bien souvent les répercussions de la décision pour résoudre un problème sont plus importantes que l’incident lui-même.
Plus difficile aujourd’hui qu’hier ?
Les réseaux sociaux ont considérablement changé la donne. Aujourd’hui, comme sur Facebook, Tik Tok ou Instagram, les jeunes se pensent autorisés à faire valoir leur avis sur tout et à tout moment. Cette dérive s’exprime également dans le football bien entendu dans la mesure où la plupart des filtres qui structuraient les rapports sociaux hiérarchiques et les relations entre générations ont sauté. Cependant, je crois que, aujourd’hui comme hier, le football est une école de la vie qui a sa logique spécifique et son propre fonctionnement. Ainsi, les joueurs doivent intégrer que s’il y a dérapage, il y aura des conséquences à assumer.
En résumé
Face au manque de respect de la part d’un joueur :
- Garder son calme,
- Différer le règlement du manque de respect pour mieux le traiter,
- Privilégier une communication non-violente,
- S’adresser au groupe si le manque de respect a été public,
- Adapter son mode de gestion des conflits à la nature du groupe,
- Laisser intervenir son staff dans un premier temps et informer l’institution au besoin (manquement grave).
Le quart d’heure de la pause demeure une fenêtre d’intervention privilégié pour le coach. Un moment où il peut impacter positivement son groupe, mais aussi le déstabiliser involontairement par des paroles ou des actes maladroits.
Procédé classique, l'attaque-défense sur le grand but permet d'ancrer les comportements souhaités tout aussi bien pour l'attaque que la défense. Illustration par l'exemple avec cette variante à 3 mini-buts et 2 appuis.
Conservation en supériorité dans la surface pour les uns, chasse pour récupérer le ballon et marquer pour les autres. Une situation que vos joueurs adoreront certainement.