Progresser
Alexandre Polizzi est préparateur physique à l’AS Monaco / ©DR

Pour quelle raison et comment renforcer le haut du corps des adolescents ? Enjeux et pistes de réflexion avec Alexandre Polizzi, préparateur physique à l’AS Monaco.

La musculation du haut du corps des U15-U17 : bonne ou mauvaise idée ? C’est un travail à encourager dès lors que vous avez le temps pour le faire. Il faut en effet que le volume d’entraînement global soit déjà conséquent pour pouvoir consacrer de l’importance à ce travail spécifique.

 

Quels sont les bénéfices pour cette tranche d’âge ? Ils se situent autant au niveau de la prévention des blessures que de la protection de balle dans les duels ou l’équilibre sur les frappes. Se focaliser uniquement sur les membres inférieurs serait une erreur. Le footballeur d’aujourd’hui doit penser globalité et apprendre à se servir du haut du corps. De plus, ce travail favorise l’explosivité, la coordination, le contrôle de la respiration, le placement du bassin... Autant de gains pour le développement futur du joueur. Enfin, esthétiquement, les joueurs y gagnent, c’est indéniable. Et ils aiment ça… C'est pourquoi je n'hésite pas à les photographier en début, en milieu et en fin de saison, afin de faire constater les progrès et donner du sens à ce que l'on a fait. A cet âge, l'évolution s'avère généralement spectaculaire, et donc motivante. Cette confiance en leur corps et donc en eux est aussi un atout d'un point de vue mental.

 

Y’a-t-il des écueils à éviter ? Ne jamais oublier de renforcer le dos. Souvent, en amateur, l’intention est là avec les exercices de pompes et d’abdos. Mais ne pas compléter ces séries par un renforcement des lombaires, c’est créer un déséquilibre et donc accroître à terme le risque de lombalgie.

 

"Protection de balle dans les duels, équilibre sur les frappes…"

Alexandre Polizzi, au coeur d'une séance avec l'Academy monégasque

Quelles différences pour les joueurs amateurs et ceux en centre de formation ? Les exercices et leur fréquence doivent être adaptés au contexte d’entraînement (quantité, matériel, suivi, qualité de l'encadrement…), tout simplement. En amateur, mieux vaut en faire pas assez que trop. 

 

Mais quelle est l'approche idéale, en terme de contenu ? En U15, je préconise de commencer par du renforcement ludique, un travail de gainage, des circuits-trainings… La complexification doit être progressive et tenir compte du pic de maturité du joueur. Ce dernier se mesure deux ou trois fois par saison sur la base notamment d’indices de taille et de poids. Tant que le joueur n’a pas atteint ce pic, il est préférable d’y consacrer deux à trois séances par semaine, en poids de corps. Une fois que le pic est atteint, il est possible d’augmenter les charges en tirages sous banc ou en développé-couché avec une demi-douzaine de répétitions maximum, tout en veillant à alterner avec du travail sans charge.

 

L’approche est-elle différente selon les pays ? Certains en Europe sont encore convaincus que le travail en dehors du terrain n’est pas utile. Or c’est tout l’inverse ! Ce travail est parfaitement transférable sur le rectangle vert. Les Britanniques et les Américains surtout ont une culture plus ancienne des bienfaits du travail dissocié, tandis que les Espagnols et les Portugais insistent pour leur part depuis longtemps autour de la question du travail intégré. La préparation physique est un domaine où les connaissances s’affinent chaque jour un peu plus. Les Anglo-saxons forment l’athlète avant le sportif, tandis que nous fonctionnons dans l’autre sens. C’est une façon différente de structurer un joueur et donc, au final, le jeu. La seule certitude, c’est que s’il y a un wagon à ne pas rater, c’est bien celui des U15-U17. 

 

Propos recueillis par Anthony Diao

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