Observer
Marcel Solle (à gauche), éducateur en U15 au FC Mas-Rillier, vit avec une la sclérose en plaque depuis quinze ans / ©DR

Éducateur au FC Mas-Rillier, Marcel Solle vit avec une "SEP" depuis quinze ans. Le coaching l'a aidé à accepter et soigner une maladie qui le handicape au quotidien. Portrait.

"Mon cerveau donne de mauvais ordres à mon corps, ce qui peut entraîner des pertes d'équilibre ou des chutes inopinées". Au bout du fil, la voix posée de Marcel Solle tranche avec le quotidien mouvementé qu'il raconte. Depuis 2010, le Villeurbannais de 55 ans s'est vu détecter une sclérose en plaques, définitivement diagnostiquée en 2012. Cette maladie auto-immune qui touche plus de 120 000 personnes en France atteint le système nerveux du cerveau et de la moelle épinière et entraîne son lot de symptômes invisibles comme une extrême fatigue, des problèmes de concentration et de mémoire… "Dans mon malheur, j'ai de la chance car pour la maîtriser je dois faire beaucoup de sport". 

 

"J'ai mis des années à accepter ma maladie et c'est grâce au football que j'ai réussi"

 

Et ça tombe bien. Depuis 2019, il arpente les terrains du FC Mas-Rillier, du côté de Miribel, à une quinzaine de kilomètres au Nord de Lyon. "Au départ, je n'étais qu'un simple parent-accompagnateur qui emmenait son fils s'entraîner en U13, jusqu'à ce qu'un éducateur qui me voyait présent lors de toutes les séances et tous les matchs, me propose de leur filer un coup de main. Je me suis dit pourquoi pas ? Supporter des Verts et passionné de foot depuis son enfance, Marcel Solle devient entraîneur adjoint des U13 du club du District de l'Ain et passe le Certificat Fédéral de Formation (CFF1) U13. "Avoir ce diplôme m'a beaucoup aidé car pour le reste, j'ai appris sur le tas auprès des autres coachs et en regardant des entraînements sur internet". 

Rapidement, les troubles causés par la "SEP" sont compensés par "la joie de donner du temps aux jeunes et par les bienfaits du coaching sur mon moral". "Cela m'a permis de sortir de chez moi, de reparler avec les familles, de reprendre confiance en moi… J'ai mis des années à accepter ma maladie et c'est grâce au football que j'ai réussi", reconnaît celui qui est entraîneur adjoint des U15 depuis quatre saisons. Et préfère rester numéro 2 pour des raisons administratives et de santé. "Avec mon collègue Stéphane Payet, on prend toutes les décisions et on planifie les deux entraînements par semaine et les matchs du dimanche matin ensemble"

 

Promotion en D2 et volonté d'inspirer

 

Un duo complémentaire qui vient de mener son équipe à une promotion historique en D2 pour le FCMR. "Les joueurs ont compris que j'étais le gentil, ce qui peut parfois les pousser à en profiter un peu, mais tout se passe très bien", décrit celui qui présente sa maladie chaque début de saison à son groupe. "Ce n'est pas évident, mais il est important qu'ils comprennent pourquoi je ne peux pas participer aux jeux quand il manque un joueur, même si je me force à faire comme les autres bénévoles". S'il reconnaît parfois une grande fatigue les lendemains de matchs ou d'entraînements, Marcel Solle a "trouvé son équilibre grâce au foot. Cela m'a permis de me remettre à marcher et même à courir lorsque je fais arbitre de touche". Avec son parcours, l'éducateur aindinois aimerait inspirer plus largement les personnes atteintes de maladies : "On voit trop peu de personnes handicapées ou malades dans le sport alors que dans mon cas, entraîner me permet de soigner ma maladie et m'a redonné le plaisir de vivre". 

En savoir plus
U15
District
Educateur
Maladie