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Bruno Génésio, l'entraîneur du LOSC / © Presse Sports

Adversaire, titulaires, causerie... Habitué à faire briller ses équipes lors des grands rendez-vous, le coach de Lille dévoile sa recette à exploits.

Klopp, Simeone et désormais Genesio. Grâce à la victoire de Lille (1-0) contre le Real d’Ancelotti, l’entraîneur des Dogues fait désormais partie d’un trio prestigieux de coaches ayant battu le quintuple vainqueur de la C1, en plus de Guardiola et Mourinho. Si l’anecdote a de quoi faire sourire, elle illustre surtout la qualité du technicien pour préparer ses troupes dans les grands rendez-vous. Il y a quelques années, alors à l’OL, il nous présentait sa méthode dans un entretien passionnant. "Dans la semaine précédent le match, on ne passe pas plus de temps à décortiquer le jeu du PSG, que celui de Caen. Il y a certes des petites choses qui changent car le plan de jeu ne sera pas le même selon que vous affrontez Manchester City ou Toulouse… Mais pour le reste, nous travaillons surtout nos principes. C'est d'ailleurs le souvenir que je garde des différents entraîneurs que j'ai côtoyés, comme Gérard Houllier, qui me confiait l'observation des adversaires".

 

"On met en commun et les discussions, parfois animées, commencent"

 

Le technicien Lillois a également gardé de ses années d’adjoints la culture de la prise de décision collégiale. "Je dis à mon staff : "Voilà comment je pense débuter, qu'est-ce que vous en pensez ?". L'important pour moi est que l'échange soit emprunt de sincérité. Il ne s'agit pas de me dire "oui" pour me faire plaisir". Et de confier qu'il lui était déjà arrivé de demander à ses adjoints de faire l'équipe en fonction du plan de jeu qu’il souhaitait mettre en place. "Ensuite seulement on met en commun et les discussions, parfois animées, commencent… Parce que faire une équipe est donné à tout le monde, mais "Pourquoi celle-là ? Pourquoi lui ?". Cela peut durer des heures, et à la fin, c'est toujours moi qui tranche". Tout en laissant une place au ressenti dans ses choix ? "Si je prends l'exemple de notre victoire à City (2-1, 15 août 2020 ndlr), on savait comment on voulait défendre et ressortir les ballons, le plan de jeu était clair. Dès lors, certains profils se détachaient naturellement pour débuter la rencontre. Pourtant, le choix sur un ou deux joueurs s'est fait au ressenti dans les jours qui ont précédé la rencontre".

En 2018, Bruno Génésio affrontait le Manchester City de Pep Guardiola avec l'OL, en Ligue des Champions / © Presse Sports

Ne pas "créer de monstre imaginaire dans l'esprit des joueurs"

 

Roma, PSG, Manchester City, Fenerbahçe et enfin le Real Madrid… Les performances des équipes de Bruno Genesio prennent racine dans les causeries, préparées soigneusement le matin du match. "Elle dure dix à treize minutes et se déroule en trois étapes : Un, je contextualise, deux j'effectue un rappel des consignes tactiques, du plan de jeu, trois j'interviens sur l'aspect motivationnel". Quid de l’adversaire ? "Je n'en parle jamais durant cette causerie. Là encore, je l'ai appris de Gérard Houllier qui disait de ne pas "créer un monstre imaginaire dans l'esprit des joueurs". Et d'éviter à tout prix les expressions négatives. Comme par exemple "ne reculez pas », à remplacer par "avancez". Afin de ne pas lasser ses joueurs, le Lyonnais reconnaissait déjà l’importance de sans cesse se renouveler dans l'exercice avant de révéler quelques exemples de causeries qu’il avait pu faire du côté de l’OL avant des rencontres de coupes d’Europe.

 

« Des images d'alpinistes en cordée afin d'illustrer la cohésion d'équipe… »

 

"A Kiev, à la fin de ma causerie, j'avais passé la vidéo du fameux discours d'Al Pacino extrait du film "L'enfer du dimanche". À la Juve, j'avais utilisé des images d'alpinistes en cordée afin d'illustrer mon propos autour de la cohésion d'équipe, en soulignant le fait que si un seul lâchait, tous les autres allaient en pâtir. Avant d'affronter City, on sortait d'un match complètement raté face à Caen (2-2, ndlr). Tout le monde nous promettait une boucherie. Quand j'ai préparé ma causerie, je me suis dit qu'il fallait que je transpire malgré tout la confiance. Je crois que l'impact dans ces moments-là est réel car on transmet nos émotions... J'ai donc insisté d'emblée sur le fait qu'il fallait croire en nous, parce qu'on l'avait déjà fait face à de grosses écuries". Malgré l’expérience, Bruno Genesio concède "qu’il est difficile de mesurer l'impact de ses propos sur le groupe. "Lorsque je sens que je suis passé à côté, j'essaye de repasser individuellement vers chaque joueur une fois arrivé dans le vestiaire. Mais au final, c'est le résultat qui dit si la causerie était réussie (rire)". La victoire de Lille contre le Real Madrid donne un bel indice.

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