Dans toutes les catégories, à tous les niveaux, les éducateurs se sont déjà posés la question du meilleur rôle à donner à un joueur en difficulté. Nos abonnés partagent leurs secrets.
Brice Roget : "Cultiver son envie de pratiquer le football"
Vendée Fontenay Football (85) - U8/U9/U10
"Il me paraît primordial que le joueur en difficulté ait le même soutien que celui beaucoup plus à l’aise techniquement, de la part de ses éducateurs. L’un des leviers consiste donc à mettre systématiquement notre "moins bon" joueur en confiance afin de lui permettre d’évoluer à son rythme et d’évaluer sa progression. Il peut convenir d’utiliser des "contrats évolutifs" pour travailler les gammes techniques ou encore d’insister sur la motricité et la coordination avec et sans ballon pour mieux appréhender les mouvements que demande le jeu. Ce profil de joueur doit toucher énormément le ballon. L’éducateur quant à lui se doit d’adapter sa communication et d'utiliser une pédagogie positive pour garder le joueur en éveil, cultiver son envie de pratiquer le football en le maintenant dans une spirale positive malgré les difficultés rencontrées."
Fousseny Sanogo : "Le poste d’attaquant reste formateur"
CA Vitry (94) - U10
"À l’entraînement, l’idée est de fonctionner par groupe de niveau sur les exercices demandant de la répétition. Les joueurs les moins à l’aise doivent progresser à leur rythme, en cherchant avant tout à leur faire accepter leurs erreurs. Lorsque l’on passe sur le jeu, ma vision est différente. Je répartis les joueurs en difficulté dans chaque équipe dans un souci d'homogénéité. Le week-end, je suis intransigeant au niveau du temps de jeu. Chaque joueur doit jouer au minimum un tiers du temps de jeu effectif, quel que soit le contexte. Le joueur, peu importe son niveau, doit jouer pour progresser, même s’il peut parfois frustrer ses coéquipiers. Lui donner du temps de jeu sur des matchs à plus faible opposition peut aussi être une alternative. Ces profils sont souvent positionnées en tant qu'attaquant, tout simplement car c’est la position où l’on peut commettre le plus d’erreurs sans conséquence majeure pour son équipe. Ce poste reste formateur pour des joueurs dits “faibles” car ils se sentent inévitablement concernés. Mais un garçon rapide pourra aussi être installé sur les côtés."
Eddy Laï : “Accepter le profil de chacun”
C.A.S.Eaux de Nice (06) - Séniors
"J’ai commencé mon parcours d’éducateur par l’École de foot et sur ces petites catégories, j’apprécie que chaque groupe de joueurs puisse être accompagné de deux éducateurs, notamment sur les plus faibles. En effet, ils demandent beaucoup plus de temps et d’attention afin de ne pas leur faire comprendre qu’ils sont en difficulté. Par expérience, je dirai que tous les joueurs en bas âge ont une marge de progression énorme. Qui n’a jamais vu un joueur en difficulté en école de foot devenir très bon sur grand terrain ? Il faut avant tout accepter le profil de chacun, leur donner un temps de jeu en adéquation avec leur motivation et surtout agir de façon à ce qu’ils prennent confiance en eux. Le déclic se situe à ce niveau. Notre “moins bon” joueur manquera parfois d’entrain sur le terrain où sera découragé plus vite que les autres. Il faut l’accepter. Un très jeune enfant comprend beaucoup plus de choses qu’on ne le pense. Il suffit de prendre le temps de lui expliquer les choses, parfois en mettant ses parents dans la boucle afin que cette relation de confiance soit toujours présente."
Alix Mariaux : "Aller dans l’intérêt de l’enfant"
Jura Dolois Foot (39) - U16
"Une gestion “facile” de ce joueur passe avant tout par un fonctionnement par groupe de niveau, que ce soit en séance ou sur les plateaux. Plus l’écart de niveau sera faible avec ses coéquipiers, moins il ressentira le fait d’être en difficulté. Le rôle de l’éducateur consiste aussi à faire en sorte qu'il ne ressente pas ce sentiment, en valorisant tout ce qu’il fait de positif. Et en sachant gérer la frustration. A partir des U11 et des U13, les enfants commencent à être en capacité de comprendre les choses et il suffit d’adapter l’échange au contexte en les encourageant à poursuivre leurs efforts à l’entraînement et à faire preuve de curiosité. Il ne faut pas hésiter non plus à mettre dans la boucle les parents s’il le faut. Mais attention tout de même à ne pas échanger systématiquement avec eux. Il faut toujours aller dans l’intérêt de l’enfant sans que la famille ne prenne trop de place."
Odilon Desmoulins : "Lui donner des responsabilités"
Espérance Gordienne (84), U13
"Selon moi, l’aspect le plus important pour gérer son “moins bon” joueur, est de le garder focalisé sur sa progression et gérer sa motivation et son engagement. Il est important qu’il soit conscient de son niveau de jeu, des efforts à fournir en se donnant des objectifs clairs et simples dans un premier temps. Souvent les joueurs en déficit technique ou tactique le sont par manque d’observation, de répétition. Je les pousse à observer les gestes, le placement, la posture des autres et à répéter ces fondamentaux, tout en valorisant ses acquis. Une variable inhérente à ces catégories entre en jeu : le degré de maturité. Pour progresser là-dessus, j’essaye de donner des responsabilités à mon moins bon joueur sur et en dehors du terrain. Evidemment tout cela ne peut être validé sans du temps de jeu en match avec un positionnement dans des zones de jeu sans risques, un côté ou l'attaque. Cela va permettre de capitaliser grâce à des consignes assez basiques."
Virgile Demarcq : “Assurer un minimum de temps sur le terrain”
US Lesquin (59), U13
"En école de football, il est indispensable que chaque enfant bénéficie de temps de jeu sur les plateaux le week-end. Je m’engage à convoquer le joueur le plus en difficulté de mon groupe sur au moins la moitié des matchs officiels, tout en lui assurant un minimum d'une mi-temps passée sur le rectangle. Toutefois, si le niveau du championnat reste trop élevé et empêche le développement et l’épanouissement du joueur, je convoquerai ce dernier sur la totalité des rencontres amicales afin qu'il puisse jouer des matchs et prendre du plaisir. Enfin, si ce scénario se présente, il me semble pertinent de mettre en place un suivi et une communication régulière avec l’enfant et son entourage."
Yoann Durand : "La progression individuelle et collective prime"
JA Bréal Foot (35) - U11
"À l’entraînement, mon idéal est de fonctionner par groupe de niveau afin que les enfants touchent un maximum de ballons. Les attentes et exigences sont moins élevées pour les “moins bons”. Parfois, je leur donne un rôle qui les met moins en difficulté (joker). En match, ils doivent bénéficier du même temps de jeu que n’importe quel autre joueur. C’est la progression individuelle et collective qui prime. Sur le terrain, il est important qu’ils aient des repères, d’où la nécessité de ne pas les faire jouer à tous les postes. En général, je les utilise devant car c’est souvent là que l’on atteint l’objectif principal : prendre du plaisir. Ces profils de joueurs, souvent introvertis, doivent être valorisés plus que les autres et se sentir en confiance. J’apprécie que les parents poursuivent un peu notre rôle d’éducateur à la maison, que leurs discours s'inscrivent dans la continuité du nôtre. Et surtout qu’ils aient conscience du niveau de leur enfant."

Quel placement et quelle attitude le gardien doit-il adapter face à l'attaquant à proximité de son but ? Explications et mise en pratique avec le formateur caennais Sébastien Maté.

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Nous nous sommes rendus à Nancy pour assister à une séance concoctée par Pablo Correa, le coach emblématique du club lorrain.