Chargé de la préparation des CPA au FC Aubagne, Thomas Lebegue décrypte la façon dont les équipes de National 1 défendent sur les corners.
Entre 30 et 40 %. Quel que soit le niveau, la compétition, voire les catégories, plus ou près d’un tiers des buts sont marqués et encaissés sur coups de pieds arrêtés. Dans la famille des CPA, les corners défensifs occupent une place particulière dans la mesure où, contrairement aux coups de pieds de réparation (les « pénalties ») ou aux coup-francs tirés directement, la défense a ici un rôle décisif à jouer. Ainsi, le sort des équipes et le rôle qu’elles sont appelées à jouer dans leur compétition sont inévitablement conditionnés par l’aptitude de celles-ci à défendre efficacement leur but sur ces phases de jeu réclamant au moins autant de détermination que d’organisation. Thomas Lebegue, le coach adjoint chargé des CPA à Aubagne a dressé l’inventaire des options déclinées par les équipes évoluant dans leur championnat National 1 : "L’idée consiste bien sûr à augmenter notre efficacité défensive. Pour ce faire, j’ai choisi de porter mon attention sur la manière dont les joueurs occupaient les zones essentielles et la façon dont ils se répartissaient les marquages sur les adversaires. Je suis donc parti du postulat selon lequel on pouvait décréter avoir affaire à une défense majoritairement en zone lorsque 6 joueurs au moins étaient concernés par la défense d’un espace et que l’on devait plutôt parler de défense individuelle quand chacun des attaquants présents dans la surface était pris en charge par un adversaire direct. Pour une analyse plus fine, j’ai fait le choix de ne prendre en considération que les corners défensifs sur lesquels l’équipe en situation d’attaque présentait au moins 5 joueurs dans la surface de réparation".
Thomas Lebègue : Défense de zone, mixte ou individuelle, il n’existe pas de système idéal
Ici deux premières notions émergent : celle de la défense de zone visant à occuper un espace prédéfini dans la surface de réparation, notamment devant le but, et celle du marquage individuel. "En fait, si on s’en tient à la définition, à peu tout le monde défend dans un système défensif mixte dans lequel on va retrouver des joueurs au marquage et des joueurs en zone. Je ne crois pas qu’il existe un système idéal puisque, individuel ou zone, le système vaut surtout au regard de l’implication et de la détermination de joueurs chargés de l’appliquer." Une évidence actant du fait que, quelle que soit l’option choisie, individuelle, zone ou mixte, l’équipe défendante va pouvoir s’opposer avec des lignes fortes mais également devoir composer avec des zones de faiblesse identifiées afin d’en restreindre les inconvénients en faisant preuve d’un engagement athlétique et psychologique total. Comme le rappelle le technicien : "Dans tous les cas de figure, il faut impérativement que chacun ait la connaissance de son rôle individuel et de la manière dont l’équipe va défendre collectivement. Ce qui explique pourquoi nous consacrons au moins une trentaine de minutes réparties dans les différentes séances lors de la semaine pour ancrer ou revisiter la thématique." Reste la question de la réflexion du coach. Au regard de quels critères ou caractéristiques de ses joueurs son choix va se porter sur l’un ou l’autre de ces systèmes ? Impossible de le déterminer précisément tant la décision peut être influencée par une multitude de paramètres : "D’une manière générale, le choix de l’individuelle est conditionné par la capacité des joueurs à être de "bons marqueurs", c’est-à-dire des joueurs qui aiment la lutte d’homme à homme tandis que la zone est plus régulièrement plébiscitée par les coachs qui disposent des joueurs habiles dans la lecture des trajectoires. Mais il s’agit là d’un raccourci qui ne peut certainement pas prétendre au titre de vérité formelle. En fait, je n’ai pas de réponse ferme et définitive sur le sujet, et en discutant autour de moi, je m’aperçois que bon nombre de coachs choisissent leurs options beaucoup plus en fonction de leurs croyances et de leurs convictions plutôt qu’en s’appuyant sur des éléments objectifs." Autre certitude à énoncer. La seule qui vaille sans doute : le meilleur moyen de défendre sur un corner défensif consiste assurément à ne pas en concéder…
Les zones à défendre en priorité
Si la notion de marquage individuel répond à une logique basique de duel et de lutte d’homme à homme, la question des zones les plus dangereuses à couvrir nécessite un recensement détaillé.
La zone du premier poteau : certainement l’espace le plus sujet à caution ou à interrogation. Aujourd’hui, au plus haut-niveau, un certain nombre de coachs délaissent volontairement cette zone pour utiliser le joueur du premier poteau pour du marquage individuel ou pour un autre rôle. À noter tout de même que pas mal de gardiens se sentent plus rassurés avec la présence de ce joueur « au poteau » susceptible d’intervenir sur des ballons courts. Par ailleurs, en cas de combinaisons adverses, c’est souvent lui qui est alors chargé de sortir. Avec le risque d’arriver à contre-temps et ce faisant de libérer un espace dans lequel les adversaires pourront s’engouffrer en mouvement.
Sur la ligne des 6m50 : la zone dans laquelle chaque ballon qui arrive peut se transformer en but. Rien d’étonnant dès lors si cette zone est fréquemment surpeuplée et fait l’objet d’une bataille féroce. Un exemple de zone intégrale est ici illustré avec le parti pris de la « zone intégrale » prônée par Dijon avec pas moins de 5 joueurs chargés de défendre et de repousser les ballons arrivant sur cette ligne.
Le deuxième poteau : Une zone fréquemment délaissée par les défenseurs au profit du premier poteau. Et que les coachs de l’équipe qui frappe le corner cherchent donc de plus en plus fréquemment à exploiter avec des joueurs attaquant cet espace dans le dos d’une défense parfois dépassée et souvent prise à contrepied sur la remise.
La zone dans la demi-lune à la sortie de surface : la zone dite de « la ramasse » dans laquelle les ballons repoussés peuvent venir s’échouer et faire le bonheur des attaquants. C’est également la zone à partir de laquelle peuvent s’organiser de potentielles contre-attaques dès lors que les joueurs délégués à cette mission parviennent à récupérer le ballon et à « se mettre dans le sens du jeu »
Les contre-attaquants : Souvent à l’affut près de la ligne médiane, la présence de un ou plusieurs joueurs vise à ménager les conditions d’une possible attaque rapide (exemple, le gardien s’impose et relance immédiatement à destination des attaquants). Toutefois le plus grand intérêt de la manœuvre consiste certainement à imposer un +1 aux défenseurs dans cette zone et ce faisant à réduire la pression sur le but de l’équipe qui défend le corner. On remarquera toutefois qu’au plus haut-niveau la plupart des équipes font le choix de positionner les 10 joueurs dans ou aux abords immédiats de la surface.
Autant de façons de défendre sur les corners défensifs que de coachs !
Illustration avec quelques exemples tirés des observations de Thomas Lebègue concernant le championnat National :
Aubagne FC : l’équipe coachée par Maxence Flachez privilégie un système avec 5 joueurs au marquage et 5 joueurs en zone (un au poteau, deux sur la ligne des 6m50 et enfin deux joueurs à la ramasse). À l’instar de ce que l’on observe chez la plupart des équipes du haut-niveau, le choix est fait de ne pas laisser de contre-attaquants et de privilégier une défense compacte de la surface de réparation.
Valenciennes FC : l’équipe fanion de Valenciennes défend avec 7 joueurs en zone et uniquement 3 aux marquages individuels. Que se passe-t-il lorsqu’un 4 ème attaquant se présente dans la surface nous l’ignorons. On relève toutefois que 10 joueurs sur 11 sont positionnés à l’intérieur de la surface et qu’un seul reste « à la ramasse ». Une densité censée assurer un avantage défensif.
Dijon FCO : autre club habitué aux joutes des championnats professionnels, l’équipe de Dijon emmenée par Baptiste Ridera a la particularité d’appliquer une zone intégrale avec 8 joueurs défendant les espaces les plus dangereux (1 au poteau, 1 légèrement en retrait de l’angle des 6 m 50, 5 autres sur ou aux abords immédiats de la ligne des 6m5à et un dernier joueur à l’intérieur de la surface à proximité de la demi-lune. On relève la présence de deux contre-attaquants pour faire peser une menace et obliger l’équipe qui tire le corner à laisser 3 joueurs en défense. Joueurs qui de fait, ne participent plus à l’attaque…
Les points essentiels
- Capacité à ne pas concéder de CPA
- Identifier les forces et les faiblesses de son effectif
- Capacité de concentration des joueurs au marquage
- Aptitude à lire les trajectoires pour les joueurs en zone
- Les points forts et faibles de son gardien de but
- Être capable de s’adapter et de s’organiser rapidement
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