Chacun entend parler du « jeu de position » mais savons-nous vraiment de quoi il s’agit ? Rappel des principes qui incarnent la révolution du football la plus avérée depuis 30 ans.
Méthodologie, vision ou philosophie de jeu ? Difficile de résumer en quelques concepts simples les contours de l’approche mouvante et donc complexe du jeu de position (JDP). Pour prétendre cerner le sujet, il convient de revenir à sa source, c’est-à-dire en Espagne, là où il fut popularisé par le Barça de Pep Guardiola dès 2007. Là où les principes du JDP ont été les plus clairement formulés, puis plébiscités. Dans son ouvrage référence « La transformation », Marti Perarnau, le biographe officiel de l’actuel coach de Manchester City, retranscrit un propos éclairant : « Le jeu de position ne consiste pas à se passer la balle horizontalement ; son but est de générer des supériorités derrière chaque ligne de pression. Il peut se faire plus ou moins vite, plus ou moins verticalement, plus ou moins groupés, mais la chose qui doit être maintenue en tout temps est la recherche de cette supériorité. En d’autres termes créer des hommes libres entre les lignes (pour progresser jusqu’au but, ndlr). »
La recherche systémique et systématique des supériorités
De quoi appréhender une nouvelle vision de l’espace et du temps, « notamment celui dont le réceptionneur va disposer pour s’organiser (...) Chacun des onze acteurs devra ajuster sa situation et son positionnement en fonction de ce qui les relie : le ballon. » Un référentiel mouvant, donc, impliquant une lecture non plus statique des espaces comme ce fut le cas pendant longtemps, mais dynamique. Des espaces dits « de phases » qui se matérialisent de façon éphémère au gré des mouvements et de l’emplacement du ballon (voir par ailleurs). Dans le même ordre d’idée, Olivier Alberola, un des penseurs du JDP en Europe, souligne : « L’espace est notre boussole et le ballon notre oxygène. C’est l’élément qui organise le jeu, la référence absolue. Le jeu de position réclame de changer de paradigme pour envisager le ballon comme l’instrument essentiel à l’expression collective et individuelle. » Dans quelle mesure et dans quelles directions le jeu de position va-t-il continuer à évoluer ? Impossible de répondre tant cette approche semble comporter en germes tous les éléments de sa propre transformation.
Jeu de position ou « d’emplacement ? »
Trop souvent réduit à un concept purement spatial, le recours au terme jeu « de position » élude deux autres notions clés essentielles :
> Le JDP intègre aussi la notion du « positionnement du corps. » Comme le rappelle Juanma Lillo, l’adjoint et éminence grise de Pep Guardiola : « un joueur sur le terrain peut être « mal situé et bien positionné, ou bien situé et mal positionné ».
> Le JDP ne dicte pas forcément les positions des joueurs en fonction de leur poste. Ils peuvent « circuler » et s’auto-organiser afin d’occuper chacun des « emplacements ».
De fait, certains grands spécialistes du jeu de position comme Lillo ou le Catalan Daniel Fernandez trouvent désormais plus juste de le qualifier comme un « juego de ubicacion », qui se traduit par... « jeu d’emplacement ! »
Des espaces dynamiques et fluctuants
Pour aider les joueurs à envisager le jeu à partir d’un référentiel commun, trois espaces dynamiques dit « de phases » (qui évoluent en fonction de la position du ballon) sont formalisés :
- L’espace d’intervention (en jaune sur le schéma) qui correspond à l’espace entre le porteur de balle et le premier adversaire direct.
- L’espace d’aide mutuelle (en blanc sur le schéma) qui regroupe les partenaires les plus proches du porteur de balle. Ils peuvent être des receveurs potentiels mais aussi des hommes libres, c’est-à-dire des joueurs seuls que l’on recherchera dans un second temps.
- L’espace de coopération (en noir sur le schéma) intègre les joueurs les plus éloignés du porteur de balle. Notons que ces joueurs présents dans cet espace peuvent aussi être des receveurs directs par du jeu long.
4 types de supériorités
« Les notions d’avantages et de supériorités sont l’essence même du jeu de position », nous disait en 2020 Pierre Sage, l’actuel entraîneur de l’Olympique Lyonnais. « En d’autres termes, pratiquer le jeu de position, c’est savoir exploiter des avantages que l’équipe aura su se créer. » Reste à savoir comment ? Grâce aux supériorités pouvant être de 4 types selon le technicien :
1/ La supériorité NUMERIQUE : C’est la plus traditionnelle des supériorités qui consiste à compter plus de partenaires que d’adversaires sur un espace donné.
2/ La supériorité POSITIONNELLE : Elle implique de tirer avantage d’une situation qui ne l’est pas du point de vue numérique, grâce à un bon positionnement des joueurs sur le terrain. Il s’agit d’une supériorité très recherchée car elle permet le plus souvent de trouver le fameux « homme libre. »
3/ La supériorité QUALITATIVE : Il va s’agir ici de générer des situations de 1 contre 1 avec une probalité positive de l’emporter. Exemple : manœuvrer le bloc adverse afin d’isoler un ailier ou un excentré particulièrement fort dans le 1 contre 1 face à un défenseur latéral.
4/ La supériorité SOCIO-AFFECTIVE : Cette supériorité repose sur le niveau de coopération entre des joueurs complémentaires. « Autrement dit des joueurs qui se connaissent par cœur ou qui se trouvent les yeux fermés », illustre coach, avant de compléter : « C’est cette compétence socio-affective qui va permettre à l’équipe de révéler son plein potentiel sur le terrain. »
Plus qu’une thématique d’entraînement, nous avons choisi de relayer la logique méthodologique utilisée par un abonné. Un travail d'une indéniable qualité pédagogique.
Les petits sont les plus doués, leur terre promise est en Espagne et un joueur d’1,70m lit plus rapidement le jeu que son partenaire d’1,90m. Fable ou vérité étayée ?
Responsable de la performance à l'académie du Red Star, Aurélien Marchesi s'est spécialisé sur la respiration et présente ses bienfaits sur le stress ou la récupération des joueurs.