Changement de braquet au Canada pour les clubs avec l’obligation faite d’accueillir tous les jeunes licenciés de 9 à 12 ans de soccer, sans distinction de niveau.
Juillet 2038, Jonathan David, le vénérable capitaine canadien de 38 ans, s’apprête à donner le coup d’envoi de la première demi-finale de coupe du monde FIFA disputée par la sélection à la feuille d’érable. Portée par une incroyable ferveur populaire, le vétéran est parvenu à emmener dans son sillage une génération de jeunes talents qui ont ébranlé l’ancien ordre mondial. Stop ! Les lecteurs auront compris que le scénario repose sur une fiction futuriste. Une fiction que les cadres techniques canadiens s’emploient cependant à faire émerger et à rendre crédible dans un pays où le soccer occupe désormais la première place des sports pratiqués par les jeunes. Pour ce faire, la fédération du Canada et son émanation régionale Soccer Quebec mènent une politique de développement ambitieuse depuis plusieurs saisons. Au premier rang des priorités, la modélisation du travail réalisé au sein des clubs et la montée en compétences du soccer de base. Deux axes prédominants matérialisés par le « Programme de reconnaissance des clubs » pour le premier et l’optimisation de l’organisation des séances par ateliers, appelée CDC (centres de développement des clubs), pour le second. Un programme déjà largement entamé mais appelé à évoluer dès 2026.
« Obligations faites aux clubs afin de favoriser le climat d’apprentissage chez les 9-12 ans »
Christophe Blin, le responsable au développement des clubs à Soccer Québec, explique : « Les premières actions ont été instaurées dès 2020 avec la formulation de principes directeurs et de normes à destination des clubs (voir par ailleurs, ndlr). Jusqu’alors ces normes valaient au titre de recommandations mais depuis deux saisons, pour tout ce qui concerne la pratique du soccer pour les 9-12 ans, on doit plutôt parler d’obligations faites aux clubs afin de favoriser le climat d’apprentissage.» Et d’ajouter : « Faire en sorte que les enfants participant à une séance de soccer dans un club tombent littéralement amoureux du ballon. » Beaucoup plus qu’un vœu pieu, une philosophie d’apprentissage pour les dirigeants qui ont généralisé le concept de plateaux d’entrainement par ateliers (CDC) sur lesquels les jeunes licenciés tournent. Un parti pris s’organisant autour de quelques principes particulièrement séduisants (voir ci-contre) et la délivrance de formations spécifiques à destination des directeurs techniques et autres responsables en club. Si l’entité régionale se réjouit de la relation de confiance établie avec les principaux acteurs, elle n’exclue pas des sessions de contrôle à échéance régulière : « Nous nous rendons dans les clubs à raison de deux « visites-surprise » dans le courant de la saison. Ce qui nous permet d’observer et d’évaluer si les prescriptions sont effectives ou si elles doivent être repensées. »
« Pas là pour fliquer les éducateurs, mais les accompagner »

En poste depuis une quinzaine d’années, Christophe Blin note déjà une amélioration dans l’encadrement de la pratique des 9-12 ans : « Les éducateurs ont compris que nous ne sommes pas là pour les fliquer mais bien pour les accompagner. Avec des enfants, l’environnement doit être le même pour tous sans prise en compte du niveau ou bien même du potentiel. Ce faisant, nous constatons une très nette amélioration du niveau général des jeunes sur ces catégories. Il faut en porter crédit aux clubs qui ont accepté de jouer le jeu même si cela n'a pas été toujours facile et qu’il reste encore beaucoup de travail à réaliser. » Une politique d’accès au plus grand nombre faisant la promotion de l’enfance plus que celle du talent et où tous les licenciés sont valorisés de la même manière, l’idée semble généreuse. Pour autant, est-ce que les éducateurs la partagent ? Réponse du cadre de Soccer Québec : « Oui, dans la mesure où ils voient bien que cela se traduit par une augmentation du nombre de licenciés et l’instauration d’un climat d’apprentissage plus favorable. » Un deal honorable, donc, mais surtout gagnant-gagnant pour les clubs, les institutions et, surtout, les jeunes pratiquants. Prémices d’une performance de la sélection nationale en coupe du monde ? L’avenir nous le dira.
Quelques principes directeurs*
- Les enfants s’inscrivent pour jouer au soccer, et non pour regarder les autres jouer ou passer du temps en déplacement. Les équipes doivent s’efforcer d’avoir un temps de jeu équitable
- L’identification et la sélection des talents devraient être retardées le plus longtemps possible afin d’offrir au plus grand nombre de joueurs possible le meilleur environnement d’entraînement possible.
- Les résultats des matchs ne devraient pas être au centre du soccer de base car cela limite le développement des joueurs et a une incidence négative sur leur expérience.
*Extraits de Canada Soccer
Les 5 objectifs des CDC (plateaux d’entraînement)
1-Un CDC sécuritaire :
- Procurer un environnement physique minimisant les risques
- Être en mesure de gérer les situations d’urgence
- Contrôler l’arrivée et le départ des enfants
2- Un CDC organisé :
- Présenter un cadre vestimentaire unifié et approprié
- Tenir une rencontre pré-séance
- Assigner des tâches à chaque membre du staff
3- Un CDC où les enfants bougent (voir illustration)
- S’assurer que la séance atteigne 75% de temps d’engagement moteur
4- Un CDC où les enfants apprennent
- Offrir un encadrement pédagogique favorisant l’acquisition et la consolidation des apprentissages par les enfants
5- Un CDC où les enfants s’amusent
- Procurer un environnement psychologique social favorisant le plaisir par l’animation des ateliers
- Maintenir le rythme dans les ateliers
- Offrir une activité de match

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