"Des joueuses se battaient plus pour remporter le dernier jeu de l’entraînement que leur match." Voilà pour le constat de Jérémie Dussolier, le directeur technique de l’académie féminine du Servette Genève, et des entraîneurs avec lesquels il a échangé sur un phénomène impossible à rater sur les réseaux sociaux : la photo de l’équipe gagnante. Un simple cliché de fin d’entraînement, devenu un levier puissant de motivation et dont certains coachs ont fait un rituel. "J’ai été surpris que des joueuses me le réclament un jour, donc en fin de saison, nous l’avons mis en place tous les jours et avons constaté qu’elle ne créait plus l’intensité recherchée. Pire : elle installait une attente et les joueuses pouvaient vivre sa disparition comme une punition", analyse l’ancien adjoint du Pôle Espoirs féminin de Tours. "La photo reste un outil de motivation extrinsèque, qui ne doit pas masquer l’essentiel : le plaisir de gagner et la volonté de progresser pour soi-même." À l’entraîneur de trouver le bon équilibre entre "la carotte" (photos, primes, jours off) et la motivation intrinsèque (le jeu, l’apprentissage, la progression) car un environnement d’entraînement stimulant doit maintenir l’engagement… Même quand il n’y a pas de photo à la fin.


Photo de l’équipe gagnante à la fin de l'entraînement : "Attention à la dépendance !", prévient Jérémie Dussolier, le directeur technique de l’académie féminine du Servette Genève (ici les U20) / ©DR